Boucaniers, flibustiers, corsaires, pirates : depuis toujours ils existent et aujourd’hui encore ils sévissent dans certains océans du monde. Même si ce sont des brigands, ils fascinent et sont omniprésents dans la culture actuelle. Mais la réalité est plutôt loin de la fiction…

 

Définition de la piraterie : forme de banditisme pratiquée en mer par des marins appelés pirates. Pillages de bateau, attaques de villes côtières et prises d’otage sont leur principaux méfaits.

Etymologie du mot « pirate » : dérivé du verbe ?????? (peiraô) « s’efforcer de », « essayer de », « tenter sa chance à l’aventure » et du latin pirata « qui tente la fortune », « qui est entreprenant ».

 

Histoire de la piraterie

 

La naissance de la piraterie est liée à celle de la navigation et du commerce maritime. Aux prémices de l’Antiquité, le bassin méditerranéen a vu naitre les premiers pirates au sein des populations Phéniciennes (Liban) et Mycéniennes (Grèce) (VIIIe siècle av. J-C). Décrits par les auteurs grecs, Homère et Hérodote, comme des marchands sans vertus ni attaches, les pirates deviennent de redoutables adversaires et le bassin méditerranéens est victime de leurs frasques. A cette époque, la mer, considérée comme un espace libre, n’était régie par aucune loi hormis celle « du plus fort ».
La piraterie connut plusieurs périodes fastes, à la fin du Ier siècle av. J.-C. Jules César lui-même a été victime des pirates. En 75 av. J.-C., lors d’un voyage en Orient., il fut pris en otage, à proximité de la cité grecque de Milet (Turquie). Libéré contre une rançon, il se vengea par la suite en capturant et en exécutant les pirates qui l’avaient détenu.
La Lycie et la Cilicie (Turquie) étaient de dangereux repaires de pirates. Ils réussirent notamment à affamer Rome en limitant les arrivages de blé. C’est Pompée qui mit fin à ce blocus en remportant la Guerre des Pirates (67 av. J-C).

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Mais la piraterie ne se limite pas à la Méditerranée. A partir du IIIe s. après J.-C, les saxons ont fait des ravages en mer du Nord. Les vikings étaient également d’impitoyables pirates et dévastèrent l’Europe du Nord lors de leurs explorations entre le IXe et XIe siècle.

Au fil des siècles la piraterie évolue. Aux environs du XIIIe siècle, elle devient même une profession : corsaire ! Les lettres de marque, rédigée par un souverain, autorisait l’attaque, la saisie et la destruction de navires ou d’équipements d’une nation adverse dans les eaux territoriales internationales ou étrangères. Des civils obtiennaient donc un statut équivalent à celui des militaires tout en restant indépendant d’un état-major. Le statut de corsaire est tout de même ambigu. En effet, un corsaire mandaté par un État particulier est qualifié de pirate par les États ennemis.

lettre de marque

lettre de marque

La piraterie reprit en Méditerranée à partir du XIe. Partagée entre chrétienté et islam, elle fut en proie à des pirates barbaresques, dont Alger était le chef lieu jusqu’en 1830. L’Atlantique n’est pas en reste avec ses boucaniers, des pirates qui sévissent dans les Caraïbes, et ses flibustiers, des corsaires hollandais considérés par leurs ennemis espagnols comme des pirates. Du XVIIe jusqu’au début du XVIIIe siècle, les Antilles sont leur domaine de prédilection.

Grâce au quadrillage des mers par les marines d’État, la piraterie a aujourd’hui quasiment disparu. Elle persiste cependant sur quelques côtes d’Afrique et d’Asie où les prises d’otage et les vols sont encore possibles. On dénombre 439 attaques pirates à travers le monde en 2011.

Définition de Pirate par Convention des Nations Unies (1982) : criminel de droit commun intervenant en haute mer à partir d’un bâtiment.

 

Pirate de la réalité à la fiction

Les portraits des pirates dépeints dans la fiction sont bien loin de la réalité…

C’est la littérature du XIXe siècle et notamment L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson qui a principalement contribué mettre en place les stéréotypes actuels : pirate buvant du rhum et maniant le sabre marin, portant un cache-œil, un perroquet sur l’épaule, équipé d’une jambe de bois et d’un anneau dans l’oreille.

Le Duel entre le pirate Barbe-Noire et le lieutenant Maynard à Ocracoke - peinture de Jean Léon Gérome FERRIS (8 août 1863 - 18 mars 1930)

Le Duel entre le pirate Barbe-Noire et le lieutenant Maynard à Ocracoke – peinture de Jean Léon Gérome FERRIS (8 août 1863 – 18 mars 1930)

Illustrés avec de belles parures, bedonnants et riches, la plupart des pirates étaient en réalité pauvres et mouraient jeunes de maladie, au combat ou encore pendus. Même si leurs mœurs étaient rudes, l’organisation des pirates étaient égalitaires et démocratiques. Pas de contraintes horaires, hiérarchie moins pesante, les membres de l’équipage étaient sollicités à chaque prise de décision lors des conseils. Ils élisaient notamment le capitaine et son second, le quartier-maitre. Ce dernier avait la possibilité d’entamer un procès contre son Capitaine s’il l’estimait incompétent. La répartition des butins était également équitable. Les hommes blessés pouvaient même toucher des primes.

Les corsaires, ces pirates mandatés par un état, était particulièrement respectueux des vies et biens personnels. Seul le navire et le fret étaient dérobés. Des enquêtes étaient même menées afin de déterminer si la prise était légitime ou non. Si ce n’était pas le cas, le butin était restitué.